Un des lacs les plus profonds d’Amérique du Nord se trouve au Québec. Et c’est un cratère! Enfin, un lac au fond d’un cratère.Non, il ne s’agit pas du lac-réservoir de la Manicouagan. C’est celui du cratère du Nouveau-Québec, dans le parc national des Pingualuit, inauguré en 2007.
Détroit d’Hudson
C’est à 440 km au nord-ouest de Kuujjuaq, dans la partie la plus septentrionale de la province, en plein Nunavik. Autre repère de distance, le cratère se trouve à quelque 100 kilomètres au sud-ouest de Kangiqsujuaq, municipalité de village nordique du détroit d’Hudson.
400 mètres
Il atteint une profondeur de 400 mètres à partir du rebord du cratère. Au strict point de vue de l’eau, on parle de 263 m de profond. Le lac Supérieur, partagé entre les États-Unis et le Canada, lui ressemble pour sa profondeur : 406 mètres.
Impact météoritique
La Commission de toponymie du Québec parle toutefois du lac le plus profond d’Amérique du Nord, parce que des débris de l’impact météoritique se seraient déposés au fond d’une fosse qui ferait en fait 700 m de profondeur.
Quatre lacs plus profonds
On retrouve quatre lacs plus profonds que le lac Supérieur et le Cratère du Nouveau-Québec sur le territoire nord-américain. Il s’agit du Grand Lac des Esclaves, au Canada (614 mètres), du lac Crater, en Oregon, USA (594 m), du lac Quesnel, en Colombie-Britannique (506 m) et du lac Tahoe, en Californie (501 m).
Ainsi, des lacs comme le Témiscamingue et le Témiscouata ont beau avoir des noms amérindiens (de la famille linguistique algonquienne) signifiant »au lac profond », ils ne sont pas les plus creux, loin de là.
Découvert le 20 juin 1943
Pour revenir au Cratère du Nouveau-Québec, il a été découvert le 20 juin 1943, lors d’un vol de reconnaissance météorologique effectué par l’US Army Air Force. Les Inuits croyaient qu’il s’agissait d’un volcan éteint. C’est pourquoi ils l’ont appelé Pingualuk, ce qui signifie grand bouton éruptif. Mais il est prouvé scientifiquement depuis 1988 que son origine n’est pas intraterrestre. Une expédition scientifique multidisciplinaire y a alors eu cours. Elle a été organisée par le géologue Michel A. Bouchard, de l’Université de Montréal.
National Geographic Society de Washington
Par contre, les premiers Blancs s’y étaient rendus en 1950, lors d’une brève expédition. Ce sont le prospecteur Frederick W. Chubb (d’où le nom qu’a porté un temps le cratère) et le géologue V. Ben Meen, directeur du Royal Ontario Museum of Mineralogy. M. Meen y a l’année suivante (1951) réalisé la première expédition scientifique, chapeautée par la National Geographic Society de Washington, D.C.
Large de 2,7 km
Il a été établi, au cours de toutes les visites de cette dépression circulaire à la forme spectaculaire, que le cratère mesure un peu moins de trois kilomètres de diamètre et que le lac d’eau douce passablement acide au fond est large de 2,7 km. La transparence de cette eau est probablement unique au monde, d’après la CTQ. Fait remarquable, bien que le cratère n’ait ni affluent, ni effluent, et que ses eaux soient dépourvues de sels minéraux (d’où peut-être leur transparence), une espèce de poisson y vit, une omble, bref, une sorte de truite. Ces poissons présentes des anomalies de croissance et pratiquent une forme de cannibalisme, sans doute en raison du manque de nourriture en ces lieux.
8500 fois la bombe atomique
Ce cratère aurait 10 ou quelques dizaines de millions d’années. D’autres sources avancent un peu plus de 1,3 million d’années. Ce serait un des plus jeunes cratères au monde. La météorite qui l’a formé faisait 120 mètres de diamètre et aurait libéré une énergie équivalant à 8500 fois la bombe atomique larguée sur Hiroshima en 1945.
L’appellation actuelle Cratère du Nouveau-Québec a été officialisée en 1952.
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Ghislain Loiselle a été journaliste-photographe de début 1980 à fin 2008 dans trois journaux de Québecor à Rouyn-Noranda, un vendu, un gratuit et un électronique. Il a aussi écrit de nombreux textes pour d’autres publications. Demeure indépendant comme journaliste, rédacteur et photographe. Rédige aussi sur son web log (Le Blogue de GL) et sur Facebook. Affectionne le commentaire, mais aussi le rapport objectif sur un peu tout, étant avant tout un généraliste.