Le 28 mars, le sol du Myanmar a violemment tremblé. Un séisme de magnitude 7,7 a frappé le pays, causant plus de 5 000 morts et plus de 11 400 blessés. Ce drame, l’un des plus marquants depuis plus d’un siècle, a dévasté des villes entières et bouleversé des milliers de vies.
Mais au cœur de cette catastrophe, un détail inattendu a capté l’attention de la communauté scientifique. À Sagaing, une caméra de surveillance a enregistré des images très particulières au moment du tremblement de terre. Cette séquence, a priori banale, va rapidement devenir une pièce maîtresse pour les chercheurs.
Une vidéo ordinaire… aux conséquences extraordinaires
Alors que le chaos s’installe dans les rues de Sagaing, une caméra installée sur un bâtiment commercial filme en continu. L’objectif tremble, les objets tombent, les passants fuient. Mais ce n’est pas la violence des secousses qui interpelle.
Deux géophysiciens basés à l’université de Kyoto, Jesse Kearse et Yoshihiro Kaneko, tombent sur ces images. Leur expertise leur permet d’identifier un phénomène jamais documenté jusqu’à présent : un déplacement horizontal brutal du sol, visible à l’œil nu. Contrairement aux mouvements verticaux plus connus, celui-ci suit une direction latérale nette, sur une distance mesurable.
Ce glissement précis ouvre une nouvelle fenêtre d’analyse sur les mécanismes internes des séismes. Grâce à la clarté des images, les scientifiques peuvent modéliser avec une précision rare la dynamique de la faille impliquée.
Un tournant pour la recherche sismologique
Depuis des années, les chercheurs tentent de mieux comprendre les ruptures soudaines des plaques tectoniques. La vidéo de Sagaing offre une opportunité unique : observer directement les effets d’un séisme à l’échelle urbaine, en temps réel.
À lireLes craintes grandissent à propos d’un méga-séisme dans un pays touristique d’Asie : le gouvernement a augmenté les risques et émis un avertissementCette séquence permet désormais de mieux cerner les forces latentes accumulées avant la rupture. Elle sert aussi à recalibrer les capteurs et instruments utilisés dans les zones à risque. D’autres caméras installées dans des villes sismiques pourraient devenir des outils précieux, au-delà de leur usage sécuritaire initial.
Le travail de Jesse Kearse et Yoshihiro Kaneko, salué par la communauté internationale, montre que les données visuelles peuvent parfois aller plus loin que les capteurs traditionnels. Leur analyse est en cours de publication dans une revue spécialisée en géophysique.
Les catastrophes naturelles laissent souvent peu d’espoir. Mais parfois, elles révèlent aussi des indices cruciaux pour mieux anticiper les prochaines. La vidéo de Sagaing en est un parfait exemple. Grâce à elle, la compréhension des séismes vient de franchir une étape décisive.